C'est décidé ! Ce soir, je sors ! Peu importe que je me rende en ville seule. Peu importe ce que l'on pensera de moi ... Je compte bien sortir, boire et m'amuser, comme j'ai toujours aimé le faire. Et puis dans le fond, c'est en sortant que l'on fait de nouvelles rencontres. On ne peut pas dire que je sois beaucoup sortie, depuis que je suis arrivée sur l'île. Il suffit de voir le nombre de contacts que j'ai dans les environs, pour le comprendre. A part ceux avec qui je bosse, quelques touristes et Willian que j'ai -ô miracle des miracles- croisé la veille, rien de rien. Une vie sociale en chute libre. Ce qui ne m'empêche pas de ne pas regretter du tout, mon choix de vivre sur cette île. Tout au contraire même ... J'en suis chaque jour un peu plus heureuse. Même si j'ignore encore si je dois être contente ou non, de mes retrouvailles avec Willian. Je me donne l'impression d'être une idiote qui se retrouve soudainement en face de son ex, dont elle est toujours amoureuse. Alors que, petit un, ce n'est absolument pas mon ex. Et petit deux, je ne suis pas et n'aie jamais été amoureuse de lui ! Quant à savoir si je suis idiote ou non ... Dans le fond je dois l'être un peu. Je suis un peu une imbécile heureuse à qui on ne la fait pas. Et croyez-le, j'adore ça ! Enfin bref, on s'en fout un peu de tout ça. Dans l'immédiat, je suis en train de me préparer pour la soirée à venir. Je ne compte pas ramener un homme dans mon lit, à tout prix. D'autant plus que si je devais terminer ma soirée avec un homme, ce ne serait pas chez moi. Disons simplement que ... Vivre dans un bateau a pour inconvénient premier : la petitesse de ... Tout ! Mon lit comme tout le reste, est petit. On pourrait y dormir à deux. Mais si c'est pour avoir à supporter le souffle d'un parfait inconnu dans mon cou ou d'autres choses moins reluisantes encore, toute une nuit ... Non merci, très peu pour moi ! Alors si je dois finir ma nuit avec qui que ce soit, ce sera ... Eh bien, ailleurs ! Mais je n'ai pas envie, dans l'immédiat, de finir ma nuit avec qui que ce soit. Même si les vêtements que j'enfile t le maquillage que j'arbore, pourrait bien laisser à penser le contraire. Mais ce n'est pas le cas. On peut se faire jolie sans que ça ne soit un appel au mâle, non ? J'enfile donc une robe soir à bretelles, moulante jusqu'aux hanches, où elle s'évase ensuite et retombe jusqu'à mi cuisse. Pour compléter ma tenue, j'enfile une large chemise à motif écossais que je garde en guise de "veste de nuit" et chausse une paire de chaussures décolletés en vernis noirs et à talons affolants. J'ai appris à marcher avec ça, il y a seulement quelques années. Avant, j'étais une véritable catastrophe. Et d'ailleurs, je dois avouer que je rentre toujours chez moi pieds nus, quand je quitte une soirée au cours de laquelle j'ai marché avec ces échasses. Ce soir là ne fera sans doute pas exception. Mais je n'en suis pas encore là. Je termine de me préparer en enfilant un collier avec en guise de pendentif, mon prénom. Mes cheveux naturellement bouclés, semblent perdre de leur longueur, quand j'en accentue les boucles. Quant à mon maquillage, un rouge à lèvre rouge foncé, un trait de khôl autour de mes yeux, une touche de mascara ... Et je suis fin prête ! Enfin, je prends mon sac à main et quitte mon bateau que je n'oublie pas de verrouiller, avant de le quitter. Tranquillement, je prends la direction de la vieille ville où, je le sais, je trouverai bon nombre de lieux où boire un verre et m'amuser comme il se doit. A me voir seule dans les rues de la ville dans laquelle je m'engouffre et dans ma tenue hautement féminine, on pourrait penser que je suis une pauvre jeune femme sans défense, qui ne se méfie pas assez. Mais c'est fou ce que peut cacher une femme derrière un jolie minois ! Et quand j'entre dans un bar avec piste de danse dans un coin, c'est d'un pas déterminé que je m'approche du bar où je demande un cocktail à base de vodka. Fort le cocktail ... Parce que je supporte mieux que jamais l'alcool. A force de fêtes et de verres, on ne peut pas dire que je sois encore sensible au degrés d'alcool que je bois.

Depuis que je suis sur l’île, j’ai cru remarquer que bon nombre de gens, étaient là surtout pour s’amuser. C’est donc une ambiance festive, qu’il y a tous les soirs, dans les rues de la petite ville qui se trouve sur l’île. Une ambiance bon enfant, qui donne simplement envie de s’amuser, à qui passe par là. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles je prends plaisir à sortir de façon régulière, depuis que je suis ici. Même si j’ai toujours été du genre à faire la fête à tout va. Et ce soir là, ne fait pas exception à la règle. J’ai trouvé un petit bar sympa, qui sert de bon cocktail, diffuse de la bonne musique et bourré de gens ouverts d’esprits et d’agréables compagnies. Le genre d’endroit où l’on fait souvent de bonnes rencontres en clair. Et c’est dans ce bar que je me rends la plupart du temps. J’y ai déjà rencontré quelques personnes qui, malheureusement, ne semblent pas être là ce soir. Mais ce n’est pas un vrai problème. Je n’ai pas besoin d’être constamment entourée d’un tas de personnes, pour me sentir à l’aise dans un endroit comme celui-ci. On se laisse rapidement emporter par l’ambiance qui est au beau fixe et la fête fait le reste. C’est pourquoi, quand je m’installe au bar et commande un cocktail léger, je me détends de façon instantanée et un sourire de bien être, étire mes lèvres peintes de rouge. Je ferme un instant les yeux et soupire d’aise, avant de les rouvrir pour remercier le barman, qui vient de déposer mon verre devant moi. « Y'a du niveau ce soir, ça faisait un moment. » Surprise par la voix qui vient de s’élever tout près de moi, je tourne le regard pour voir à qui elle appartient. Pendant un moment, je me fige et regarde l’homme, avec suspicion. J’ai besoin de plusieurs longues secondes avant de comprendre que même s’il en a tout l’air, cet homme n’est pas Willian. Il lui ressemble trait pour trait pourtant. Mais la coiffure n’est pas la même, le ton est différent et même sa façon d’agir. A moins que Willian est été du genre à enrouler un bras autour de mes épaules et me tendre une main pour que je la lui sers ? Bref, qui que soit cet homme, ce n’est pas celui que j’ai rencontré il y a quatre ans, en Afrique et que j’ai recroisé dernièrement, sur l’île même. Je reporte mon attention sur l’homme à mes côtés et arque un sourcil, au souvenir de ses paroles. Est-ce une façon de me complimenter ? Probablement que oui. Je ne nierais pas que je suis habituée à ce genre d’homme. Quand on est une femme seule et qu’on a le mérite d’être jolie et de prendre soin de soit, on doit forcément faire face à des hommes séducteurs à souhait.

Finalement, après une brève hésitation, je lève une main pour serrer doucement la sienne, sans le quitter du regard. Se pourrait-il que Willian ait un frère jumeau ? Est-ce qu’il m’en a parlé lors de notre rencontre et j’aurais oublié depuis le temps et l’alcool aidant ? C’est bien probable, ça n’aurait rien de surprenant. Est-ce que je suis censée lui demander s’il est bel et bien le frère de Willian ? Ou dois-je le laisser faire … Simplement pour m’amuser ? Parce qu’il est évident que je ne suis pas le genre de femme à coucher avec des frères, l’un après l’autre –ou avec les deux en même temps, notez bien-. D’autant plus que j’apprécie sincèrement Willian. Je doute que lui même apprécierait si je venais à coucher avec son frère. Parce que j’ai du mal à croire qu’un homme puisse lui ressembler à ce point, sans être son frère. « Enchanté. Quel est votre adorable prénom ? » Je souris et pose doucement une main sur son bras qui est toujours enroulé autour de mes épaules. Façon de lui faire comprendre qu’il serait sans doute préférable pour lui, qu’il le retire de là. Non pas que j’ai un réel problème avec les contacts physiques en général. Disons simplement que j’en ai un avec les hommes trop entreprenants, trop rapidement. « Je m’appelle Alice. » Je finis par répondre malgré tout, en continuant de l’observer. Avec sans doute un peu trop d’insistance. Mais je n’y prends pas garde. Je ne pense même pas au fait qu’il pourrait prendre ça comme un encouragement. A vrai dire, mes pensées sont toujours en train de tourner à plein régime. J’essaie de me rappeler de, si oui ou non, Willian m’a mentionné un frère, quand nous avons longuement discuté ensemble, quatre ans plus tôt. Mais je n’ai pas une mémoire aussi forte et extensible ! « Et vous êtes … ? » Je lui demande enfin, en espérant que son prénom réveillera des souvenirs chez moi. Ou au moins quelque chose qui pourrait me mettre la puce à l’oreille.