Force est de constater que sa partie du frigo était presque vide, comme chaque vendredi après-midi, Willian se changea, quittant ses fringues de boulot un peu plus strictes pour enfiler quelque chose de confortable. Une paire de tongues, un short de bain et un débardeur –cachant à peine son torse- plus tard, il amarrait à Key West et flânait dans les rues, un sac de courses à la main. Pour changer, il faisait chaud mais un brin d’air s’élevait en ville, rendant la promenade plus agréable. Contrairement à quelques heures plus tôt où il avait cru mourir sous sa chemise alors qu’il avait un shooting photo sur la plage.

Doucement mais surement il avançait, rejoignant les rues de la vieille ville. Il croisa quelques connaissances sur le chemin et arriva rapidement devant sa supérette préférée. Pour les grosses courses il allait souvent dans un gros établissement, accompagné de son frère, mais lorsqu’il s’agissait de ses (petits ou gros) plaisirs, Willian avait prit pour habitude de venir ici. C’était petit, ça ne payait peut être pas de mine de l’extérieure mais c’était une véritable caverne d’Ali Baba pour lui. Ici les fruits étaient meilleurs –bio surtout, et c’est ce qu’affectionnait l’homme-, le vin proposé était bien plus fiable qu’en grande surface et surtout, surtout, il y trouvait un fromage excellent ce qui à Key West n’était pas forcément facile, tout comme dans la majorité du reste des Etats-Unis d'ailleurs.

« Bonjour. » siffla-t-il gaiement en entrant dans le magasin. Comme à son habitude la patronne trainait derrière son comptoir, trifouillant un peu tout et n’importe quoi sur son ordinateur et sa caissière préférée (en fait, il n’y en avait que deux pour une seule caisse) était à son poste, lisant un magasine, la tête dans le ventilo. En somme, voilà l’ambiance qui trainait ici chaque fin de semaine et encore une fois, c’était au goût du photographe.
Elles le saluèrent en retour et il s’engouffra à travers les rayons pour commencer à amasser tout ce dont il avait besoin. Après cinq bonnes minutes d’hésitation devant le rayon des glaces, il bifurqua pour aller se prendre quelques friandises. Ok, il avait beau faire des chichis pour manger sainement, ça ne l’empêchait pas d’avoir un sérieux penchant pour les Carambars. Là, il remarqua un jeune homme tentant désespérément d’attraper un pot de Nutella en hauteur. Il avait l’air fin, élancé, mais pas assez grand pour l’atteindre et son bras tendu ajouté à sa mine concentrée et déterminée ne pu empêcher Willian de rire. Il était capable de faire pareil pour des Carambars et de la bière.
Il posa alors son panier et en quelques enjambées il se retrouva contre le jeune brun, le dépassant un peu. « Laissez, je vais le faire. » souffla-t-il en souriant. Deux secondes plus tard il reprenait une distance convenable et lui tendait le pot de pâte à tartiner, ne prenant pas conscience de l’air qu’affichait l’individu. « Et voilà. Problème résolu. »

Willian continuait de sourire doucement et poliment, observant le visage du brun. Définitivement trop mignon… conclu-t-il en lui tendant le pot. Mais alors que ce dernier l’attrapait et le regardait enfin, il eut un mouvement de recule, se prenant le pied dans son sac de course ce qui rendit la chute inévitable. « Monsieur Heard ! » Il haussa un sourcil, s’avançant pour le retenir mais c’était trop tard. En même pas une seconde il le vit au sol. Deux réactions types se proposèrent alors à lui : Rire ou s’inquiéter. Il fit les deux, ne pouvant pas s’empêcher de ricaner et vint s’accroupir près de lui, laissant son panier au sol. « Hé… Je sais qu’il m’arrive de faire de l’effet mais à se point là… », il sourit doucement et passa une main dans son dos pour l’aider à se redresser ; « Vous allez bien ? ». Il pinça les lèvres ; tout de même il imaginait assez bien la douleur qu’une telle chute pouvait procurer, pour en avoir été victime plus d’une fois et se sentit fautif. C’était de sa faute visiblement bien qu’il ne sache pas pourquoi. « Je suis désolé si je vous ais… fait peur ou quoi que ce soit. Ce n’était pas mon attention. »

Il lui fit un petit sourire en coin, penaud et désolé et glissa le pot de Nutella dans le sac de l’inconnu. « D’ailleurs… on se connait ? », il rit à nouveau. Durant un instant il s’était dit « Merde, j’ai couché avec lui mais je ne m’en rappelle plus. » Sauf que un, s’il avait couché avec un mec pareils il s’en souviendrait obligatoirement, rien que pour son physique, deux : aucun des mecs avec qui il aurait couché ne l’appellerai par son nom de famille. Ce serait trop bizarre. Puis il se questionna plus sérieusement ; comment le brun pouvait-il bien le connaitre ? « Pardonnez moi si ma mémoire me joue des tours alors mais il ne me semble pas… Et je n’ai définitivement pas assez de renommée encore pour qu’on me reconnaisse comme ça. »
Il ne pouvait pas s’empêcher de dire des bêtises. D’abord parce qu’il était gêné de la situation, et parce que le brun semblait vraiment choqué. Et tendu.. ce qu’il n’appréciait pas trop. Il se redressa et attrapa gentiment sa main pour l’aider à se redresser. « Je ne me souvenais pas que faire les courses ait été aussi dangereux en tout cas. » Une fois de plus il rit et croisa les bras, encore désolé.